La marque exploitant la méthode de l’appertisation aurait pu disparaître avec les réfrigérateurs et les gammes toutes prêtes. La vogue du fait-maison la ravive.
Si le bocal le Parfait était inventé aujourd’hui, tous les réseaux sociaux et les rubriques astuces ménagères en bruisseraient ! Pensez-donc : un système ne nécessitant rien de plus qu’un bocal, un joint en caoutchouc et une source de chaleur pour fabriquer, chez soi, des conserves stockables des mois à température ambiante. Et pourtant la marque date des années 30, et le procédé, de l’époque du Directoire.
C’est à Nicolas Appert que l’on doit ce principe de stérilisation en volume clos associant chaleur et dégazage. Plus d’un demi-siècle avant Louis Pasteur et sa pasteurisation ! Napoléon Ier peut remercier le génie qui a trouvé l’astucieux moyen de faire enfin suivre des nourritures saines à ses armées en compagne ! L’inventeur de l’appertisation renonce à la faire breveter pour en faire profiter l’humanité. Les Britanniques, substituant le fer-blanc au verre, lanceront la conserve en boîte. Le Parfait est donc l’héritier de la conserve en verre originelle et… le cousin germain de la bouteille de champagne ! En effet, « les régions d’eau ou de vin ayant leurs verreries pour l’embouteillage se sont diversifiées vers les bocaux jusqu’au début du XXe siècle, raconte Christian Pradel, directeur commercial et marketing France pour la marque. Le Parfait fut ainsi créé à Reims, par les Verreries mécaniques champenoises ». Il sera le seul à survivre d’une série de signatures superlatives du même pot : Le Meilleur, Le Pratique ou Triumph…
La marque octogénaire innove
Mais l’avènement des réfrigérateurs et congélateurs, l’essor des gammes alimentaires élaborées ont été proches de renvoyer la conserve ménagère aux oubliettes. Dans les années 90, elle ne se vend plus que dans les Lisa (libres-services agricoles) proches des campagnes. Mais Christian Pradel, précédemment responsable des grands comptes de l’emballage chez Danone, va reprendre la marque en main vers 1996. « J’ai remis ce produit formidable dans les linéaires de la grande distribution, rappelle-t-il. Je n’ai pas touché à l’indestructible bocal réutilisable, le verre issu du sable étant le plus vieil emballage au monde. J’ai surtout vendu un service : la capacité pour chacun de conserver ses produits. »
La marque va reprendre la parole sur son usage facile, sain et naturel, créant son École de la conserve, en 2005. « Notre métier est resté proche de celui des paysans, poétise Christian Pradel. Au début de l’année, on tue le cochon ; suivent l’agneau de mars, les cerises, les asperges, les légumes de juin à fin septembre, les fruits et champignons de l’automne, le foie gras en novembre… » La marque octogénaire vient d’innover sur son seul accessoire consommable : son joint 100% caoutchouc (fabriqué au Sri Lanka). Fini les batailles parfois homériques pour casser le précieux vide du bocal en tirant à qui mieux mieux sur ce joint. Il suffit désormais d’écarter chacune des oreilles d’une nouvelle rondelle sécable.
Le Parfait en dates
- 1806 Nicolas Appert présente ses conserves en verre.
- 1930 Création de la marque Le Parfait à Reims aux Verreries mécaniques champenoises (VMC).
- 1988 VMC rejoint le groupe BSN (qui deviendra Danone)
- 2004 La marque passe au groupe américain O-I (Owens-Illinois).
Le Parfait en chiffres
- 40 M € de CA 2015, dont
- 10 % l’export (États-Unis, Japon, Europe)
- 20 M de pièces vendues par an
- 30 modèles environ
Source : Le Parfait
Auteur : DANIEL BICARD
Source : www.lsa-conso.fr