Un jour que je naviguais sur l’océan Internet, une photo a attiré mon attention. L’objet élégant qui y était représenté porte le nom d’arbre à vent et, selon son inventeur, produit de l’électricité verte, sans aucun bruit. C’était bien assez pour m’intriguer et pour vouloir en savoir plus sur le produit.
Une idée née… comme ça
L’histoire à l’origine de cet arbre à vent est simple. Lors d’une promenade dans un parc, le Français Jérôme Michaud-Larivière, ex-scénariste pour le cinéma et la télé, remarque que les feuilles des arbres frémissent même si le vent est à peine perceptible. Il se demande alors s’il n’y aurait pas un moyen de recueillir l’énergie créée par ces légers mouvements de feuilles.
Un produit est créé
En 2011, l’inventeur a formé NewWind, une petite entreprise, et s’est entouré d’une équipe. Après trois ans de recherches et de développement et une collaboration avec un designer suisse, Claudio Colucci, afin d’enjoliver l’objet, voilà que naît l’arbre à vent.
Joli, ça, il l’est. Il rappelle la forme d’un arbre, avec le tronc et les branches en acier blanc. Chacune des feuilles est en fait une génératrice d’un vert éclatant simulant de façon réelle les feuilles d’un arbre. Mais produit-il effectivement de l’électricité, comme le souhaitait à l’origine son créateur?
D’après la fiche technique, ces éoliennes urbaines, hautes de 9 m et larges de 7 m, produiraient assez d’électricité pour couvrir environ 80 % de la consommation en électricité d’une famille de quatre personnes, en excluant le chauffage. Mais évidemment, ça dépend de l’endroit où elles sont installées.
Pour produire un maximum d’électricité, ça prend un lieu exposé au vent. Mais l’avantage de cette éolienne urbaine sur celles des parcs éoliens est qu’une légère brise suffit pour produire de l’électricité. Chacune des feuilles commence à tourner dès que le vent atteint 1,5 m/s et la production d’électricité se fait à 2 m/s ou plus (c’est-à-dire un vent de 7 km/h).
Les grandes éoliennes, elles, commencent à fonctionner avec un vent minimal de 3 m/s (11 km/h). D’après les fabricants, l’arbre à vent permettrait de doubler le nombre de jours utiles par année. Mais encore là, s’il est installé dans un endroit venteux.
Je me suis informée auprès d’un connaisseur en énergie éolienne, Christian Masson, professeur au département de génie mécanique à l’École de technologie supérieure (ETS), pour savoir si ce produit est efficace et exportable ici, en Amérique du Nord. De l’autre côté de l’Atlantique, particulièrement en France et en Suisse, quelques spécimens ont été vendus ces derniers mois.
Décoration urbaine ou économie substantielle d’électricité?
L’arbre à vent est conçu relativement petit afin qu’on puisse l’installer dans un jardin, dans un parc ou même sur un trottoir.
Les lois de la physique étant les mêmes, quelles que soient les dimensions du produit, pour qu’il y ait production d’électricité, il faut du vent : la puissance d’une éolienne est proportionnelle au cube de la vitesse. Est-ce qu’on peut trouver ce genre d’endroit en ville? Au sein de hauts édifices? Est-ce préférable à la campagne?
Le coût d’achat d’un arbre à vent avoisine les 40 000 $, auxquels on doit ajouter les coûts d’installation et de branchement à une ligne de transport électrique.
Avec sa production d’électricité prévue de 2400 kWh par année, ça veut dire qu’aux tarifs actuels d’Hydro-Québec, on économiserait 200 $ annuellement.
Christian Masson, prof en génie mécanique à l’ETS
Imaginez le nombre d’années que ça prendrait pour que l’électricité produite rembourse l’achat. La clientèle visée pour le moment n’est donc pas la résidence familiale.
Cependant, pour un marché commercial ou public, comme le terrain d’une banque ou un parc d’une ville qui a le souci d’être verte ou dont les préoccupations écologiques sont prioritaires, ça pourrait être intéressant.
D’après le professeur Christian Masson, au niveau technologique, c’est un produit très intéressant. Il représente un développement d’ingénierie. Mais le défi de cette entreprise sera de trouver un marché qui correspond à son produit; probablement pas ici en Amérique du Nord, souligne M. Masson, car le coût de l’électricité est relativement bas.
Espérons qu’ailleurs dans le monde, cette invention qu’est l’arbre à vent trouvera sa place… autrement qu’à titre d’œuvre d’art. D’ailleurs, Christian Masson ne pense pas que l’intérêt premier des gens qui investiront dans ce produit sera pour produire de l’électricité, mais tant mieux si ça en produit!
* Merci à Christian Masson pour sa collaboration et sa disponibilité.
Auteur : Ève Christian
Source : ici.radio-canada.ca