Tout au long de sa vie, le Percheron, né à La Bazoche-Gouët, aura laissé une empreinte indélébile sur le monde de l’horlogerie. Décoré de la Légion d’honneur, il a laissé un héritage de ses connaissances.
Jean-Adrien Philippe aura laissé une empreinte indélébile sur le monde de l’horlogerie.
Excellence. Si le nom de Jean-Adrien Philippe ne vous dit rien, il est pourtant l’un des percherons les plus talentueux. Né en 1815, le 6 avril précisément, à La Bazoche-Gouët, il a révolutionné tout au long de sa vie l’univers de l’horlogerie.
Il quitte sa famille à 18 ans
Il faut dire que tout le prédestinait à cette carrière professionnelle. Son père, Antoine Philippe, originaire de Charbonnières, exerçait la profession d’horloger. Il a été à l’origine d’horloges munies de mécanismes originaux et compliqués.
Comme une continuité logique, il va s’intéresser à l’activité de son paternel et être attiré par le fait d’innover.
Précoce, à l’âge de 18 ans, estimant avoir déjà tout appris, Jean-Adrien Philippe quitte le domicile familial, avec dans la tête, des rêves et une ambition affirmée. En France mais également à l’étranger, en Suisse et en Angleterre notamment, le Percheron va puiser son imagination et sa créativité dans les savoirs de maîtres horlogers.
Passionné et acharné du travail, il va développer ses connaissances, en recherche perpétuelle d’idées nouvelles dans le but de révolutionner la technique de l’horlogerie.
C’est le 22 avril de la même année que Jean-Adrien Philippe dépose le brevet pour le premier système de remontage à la couronne.
Se focaliser sur le remontoir
Et le destin va aller dans ce sens : le jour où il fait la rencontre d’Antoine Norbert de Patek, jeune noble polonais, avec qui il s’associe. Mais avant cela, c’est avec un Suisse rencontré à Londres (Angleterre) que Jean-Adrien Philippe tentera de toucher la clientèle parisienne.
Avec une volonté affichée : fabriquer une montre qui se monte et qui se met à l’heure sans clef. Un défi de taille dans une société jadis sensibilisée aux montres plates.
Il se focalise donc sur le remontoir, la clé de la réussite selon lui. D’exposition en exposition, son cheval de bataille sera d’œuvrer sur les mécanismes afin de les perfectionner. Des recherches qui ont porté leurs fruits, traduites par des avancées techniques.
« L’idée me vint d’entreprendre des montres sans clef, avait expliqué l’horloger percheron. J’en avais entendu parler mais n’en avais jamais vues ».
Système plus simple et plus solide
En 1842, c’est une première victoire pour lui. Grâce aux encouragements d’un horloger parisien célèbre, seulement âgé de 27 ans, il parvient à construire un premier produit : une montre très plate qui utilise une couronne au pendant. Un système technique révolutionnaire qui se passe de la clé destinée à réarmer et mettre à l’heure.
À l’époque, il est conscient d’avoir touché un peu plus la perfection. « Je fus assez heureux pour reproduire un système plus simple, plus solide et plus commode que tout ce qui avait existé jusqu’à ce jour ».
Fabriquer les plus beaux produits
Son invention va séduire un jeune noble polonais : Antoine Norbert de Patek. Il s’associe avec lui en 1845, intégrant alors la firme Patek & Cie à Genève (NDLR : qui porte aujourd’hui le nom de Patek Philippe S.A, spécialisée dans l’horlogerie de haute précision).
Les deux acolytes, l’un excellant dans la partie commerciale, l’autre technique, n’ont qu’une seule volonté : fabriquer les plus belles montres du monde.
C’est le 22 avril de la même année que Jean-Adrien Philippe dépose le brevet pour le premier système de remontage à la couronne.
Outre son talent pour l’horlogerie, il s’essaie également à l’art de la littérature. Publiant un ouvrage sur son domaine d’activité, « Les montres sans clef, se montant et se mettant à l’heure sans clef ». Laissant ainsi une trace de son savoir et de ses compétences.
Les années qui suivirent, l’inventeur cherchera d’autres solutions afin d’améliorer son système. Compte tenu de son état de santé, vers l’âge de 70 ans, il va se retirer progressivement de l’activité.
Jean-Adrien Philippe décède le 5 janvier 1894 à Genève en Suisse.
Son don pour la Bazoche-Gouët
« Je, soussigné, m’engage à payer la somme de cinq cent francs au bénéfice de la commune de La Bazoche-Gouet, département d’Eure et Loir. Cette somme devra être employée à la défense nationale contre les armées prussiennes et particulièrement à l’équipement des corps francs, ou pour des dépenses ayant pour but exclusif la poursuite ou la destruction de l’ennemi. J’offre pour garantie de ce paiement de cinq cent francs les sommes qui me restent à toucher sur l’héritage de ma mère, ou si le besoin d’argent est urgent, de faire un versement immédiat entre les mains du percepteur de Gex, département de l’Ain, qui pourrait sans doute faire payer par le percepteur de La Bazoche. Si aucun de ces moyens n’est praticable, je prie Monsieur le Maire de La Bazoche de me faire savoir ce qu’il y aurait à faire ».
Décoré de la Légion d’Honneur
En 1890, sous la IIIème République, le gouvernement français lui décernera la croix de la Légion d’honneur pour ses nombreux mérites et services rendus à la France.
Un côté philosophe
« Si par nos efforts réunis et la volonté de tous ceux qui se livrent à notre belle profession, nous parvenions à créer un corps nombreux et respectable d’hommes de talent ; si nous parvenions à attirer l’attention du public sur ce qu’il y a de beau et d’exceptionnel dans l’exercice d’un art si distingué et si utile pourtant à assurer à ceux qui le pratiquent dans les conditions de savoir et d’habileté qu’il requiert la considération qui leur est due, nous verrions les choses changer de face et s’ouvrir une ère de prospérité et de progrès à peine soupçonnée dans l’état précaire actuel ».
Auteur : Hugodeshors – Source : www.le-perche.fr