Alain Tixier a obtenu la médaille d’or 2017 au concours Lépine.
Pour briser l’isolement des personnes âgées, Alain Tixier a inventé un objet qui permet de communiquer plus facilement avec son entourage à distance, ou encore écouter de la musique
Imaginez, une sorte de tablette, mais souple et ultra-simplifiée. Un coussin relié en bluetooth à la télévision du salon. C’est « Viktor », l’invention d’Alain Tixier, médaille d’or 2017 au concours Lépine. Avec cet objet il veut aider les personnes en perte d’autonomie à re-tisser du lien avec leurs proches. Mais pas seulement.
Une idée née de son expérience personnelle
Cette invention est le fruit d’une expérience personnelle. « Ma maman, âgée de 76 ans, a perdu 70 % de son autonomie, elle souffre d’insuffisance respiratoire. » Pour lui permettre de rester chez elle, à Fréjus, Alain Tixier met en place toute une logistique: infirmière, kiné, aides… « Mais je me suis aussi demandé ce que je pouvais faire pour rythmer ses journées, lui permettre de rester en lien avec ses enfants, ses petits-enfants. Qu’elle ne se sente pas isolée. Et je l’ai vu pianoter avec ses doigts sur ses genoux. »
Il lui propose de l’équiper d’un ordinateur ou d’une tablette. « Elle n’est pas branchée nouvelles technologies, alors elle n’en avait pas envie, ça lui faisait un peu peur. J’ai décidé de développer un objet qui lui permettrait de communiquer plus facilement avec nous. Je suis parti d’un problème et je me suis efforcé d’y apporter une solution. »
Son expérience personnelle l’amène à un double constat. « Les personnes en perte d’autonomie, qu’elles soient en établissement ou chez elles, souffrent d’isolement et le numérique est en mesure de rompre cet isolement en les remettant en contact avec le monde, leurs proches et des milliards de contenus qui les intéressent. »
Mais ces générations ne sont pas nées avec un smartphone entre les mains. Pour elles, l’utilisation d’une tablette peut s’avérer compliquée. « La complexité de ces outils demeure un frein très puissant à leur utilisation. Et puis quand vous avez des problèmes d’arthrose, de sensibilité, des difficultés cognitives, c’est difficile de manipuler ces outils tactiles. »
Alors, Alain Tixier crée sa start-up Fingertips et met au point « Viktor », du prénom de son fils qui travaille avec lui. Edwige, sa maman, le teste. « L’idée n’était pas de créer un objet connecté de plus mais de répondre à un besoin », insiste-t-il.
Comment ça marche ?
Il suffit de poser l’objet sur ses genoux. » J’ai pensé au coussin, parce que c’est confortable. » Quand on appuie sur l’un des pictogrammes du tableau de bord, le capteur se connecte en bluetooth sur la télévision. « Ainsi quand on presse la touche « famille », apparaissent sur l’écran les photos de ses enfants, petits-enfants… Pour déclencher un appel ou faire de la visio-conférence, il suffit d’appuyer sur la photo d’un de ses proches pour établir la liaison. »
On peut aussi ouvrir les messages envoyés par sa famille. « Quand j’ai reçu le prix de la Silver Economy à Paris, en mars, j’ai envoyé des photos à ma mère. Elle était contente, ça la tient au courant de ce qu’on fait. » Entre chacune de ses visites à sa mère, à Fréjus, l’inventeur peut ainsi l’associer à sa vie quotidienne. Victor, lui, n’a jamais reçu autant d’appels de sa grand-mère. « Elle m’appelle davantage, c’est bien. » Il sourit.
Bibliothèque sonore, jeux, quiz
Alain Tixier active la touche « loisirs » pour nous montrer une autre facette de « son » coussin. « Les personnes peuvent accéder à une bibliothèque sonore. » De nombreux livres audio sont disponibles « grâce aux conseils départementaux de l’Ain et du Puy-de-Dôme qui ont mis leur médiathèque à disposition ; nous avons plus de 4 000 heures. »
Le coussin donne aussi accès à de la musique, des quiz, et même des jeux. « On peut jouer au Scrabble, avec d’autres personnes, à distance. »
Avec ce coussin, Alain Tixier espère apporter une solution pour briser l’isolement, mais l’objet apporte aussi d’autres services aux personnes dépendantes : téléassistance, Google agenda, recettes… Plus d’une centaine de personnes en France l’ont déjà adopté.
Auteur : Sophie casals – Source : www.nicematin.com