Kickstarter, le géant américain du financement participatif, a annoncé le 11 mai qu’il s’ouvrira aux français le 27 mai. Depuis sa création en 2009, il s’est imposé dans le monde entier, offrant un véritable soutien financier pour de nombreux créateurs et innovateurs mais n’était pas accessible aux créateurs résidant en France. Quelques uns réussissaient à se faire financer, mais ces cas étaient extrêmement rares car il leur fallait passer par une filiale à l’étranger ou monter une « combine » avec leurs adresses. Il fallait passer par l’un des 11 pays dans le monde où lancer une campagne est autorisé. A l’inverse, les internautes français pouvaient très bien participer au financement des projets lancés dans les pays autorisés…. frustrant ! Cet « embargo » sur la France sera bientôt levé.
L’ouverture prochaine à la France (même si le site mentionne déjà la France parmi les pays autorisés) s’accompagne de quelques changements aussi bien du côté des porteurs de projets que des donateurs. Étant donné que Kickstarter ne lancera pas de site distinct pour la France, la différence au niveau du contenu sera inexistante. Vous pourrez donc acheter comme avant les différents produits proposés par des créateurs étrangers. Mais la plateforme mettra en avant les projets locaux grâce à un système de filtrage géographique, comme elle le fait dans d’autre pays.
Du côté des porteurs de projets, il ne sera plus nécessaire d’être domicilié aux États-Unis pour pouvoir proposer son idée sur le site. Désormais, une adresse en France et une carte bancaire suffiront pour les particuliers, tandis que les entreprises devront fournir quelques documents supplémentaires. Un changement plutôt bienvenu dans la mesure où cela rendait la tâche plus complexe aux entreprises hexagonales, celles-ci devant jusqu’ici faire confiance à un prestataire américain avec les risques que cela implique, comme le soulignait un article paru l’an dernier (article consultable ici).
Léger changement au niveau des commissions prélevées par les partenaires de la plateforme au titre des prestations de paiement. Aux USA, les frais sont de 3 % + 0,20 dollar par transaction supérieure à 10 dollars ou 5 % + 0,05 dollar pour toute contribution inférieure à ce montant. Les porteurs de projets français supporteront des tarifs légèrement supérieurs puisque des mêmes montants mais en euros : respectivement 0,20 euro et 0,05 euro de part fixe, soit 10 % de plus au cours actuel.
Les frais prélevés par Kickstarter lui-même (donc EN PLUS des commissions ci-dessus) sont de 5%.
Si Kickstarter est sans aucun doute la plateforme de financement participatif la plus connue, elle n’est pas seule dans son domaine et surtout elle n’en couvre pas toutes les branches. Certains acteurs hexagonaux ne devraient donc pas souffrir de cette nouvelle concurrence. C’est par exemple le cas de plateformes spécialisées comme Tipeee (propriété de My Major Company) qui proposent de soutenir de façon récurrente des créateurs de contenus ou de celles spécialisées dans les prêts participatifs.
Vincent Ricordeau, le fondateur de KissKissBankBank ne voit d’ailleurs pas l’arrivée de Kickstarter en France comme une nouvelle menace, dans la mesure où le géant américain faisait déjà partie du paysage français. « Techniquement, ils sont déjà présents en France, ils y ont levé 7 millions d’euros l’an dernier pendant que nous en levions 15 millions. Ils sont donc déjà troisièmes derrière Ulule. Leur arrivée provoquera surement un appel d’air sur le marché français et il faudra voir quelle part de marché ils saisiront sur cet appel. S’ils ne récoltent que les fruits du marché qu’ils ont créé, tout ira pour le mieux chez nous, s’ils vont au-delà, ça sera peut-être un petit peu différent ».
La plateforme française pense d’ailleurs pouvoir tirer son épingle du jeu malgré l’arrivée du géant américain sur ses terres grâce à l’atout de la proximité. Vincent Ricordeau explique en effet qu’en six années de présence en France, sa plateforme a pu tisser tout un réseau de « mentors » qui peuvent soutenir les porteurs de projets tout au long de son avancement, même après la levée de fonds. Un avantage sur lequel Kickstarter ne peut pas encore compter. « Nous avons six ans d’avance sur ce point ».
Les acteurs français pourront également compter sur leur diversification pour maintenir leurs parts de marché. Certains s’essaient au « tip », quand d’autres misent sur les prêts participatifs, des secteurs où Kickstarter n’a pas (encore ?) mis les pieds. Vincent Ricordeau prévoit d’ailleurs de s’attaquer au marché de l’investissement participatif (equity-based crowdfunding) d’ici 2017, un terrain encore vierge de tout géant américain.
(d’après Nextinpact et Indiemag)
Pour en savoir plus : les infos du site Kickstarter
Auteur : JMD