Élisabeth Chabot, Dany Gendre, son épouse Isabelle et leur invention. Stéphane Chabot, le quatrième inventeur, est absent sur la photo.
Si vous fréquentez les stations de sports d’hiver, vous allez croiser ce petit objet qui va grandement vous faciliter la vie. Une invention vendéenne.
L’innovation
Un jour de 2005, Stéphane et Élisabeth Chabot prennent une semaine de vacances à la neige en famille. Tout se passe bien. Au retour, ils reçoivent un autre couple de leurs amis, Dany et Isabelle Gendre. Eux aussi reviennent d’un séjour à la neige. Forcément, ils évoquent leurs vacances en station. Les deux mères de famille tombent d’accord : « Plus jamais ça ! C’était la galère, un calvaire pour porter les skis. »
Invention multimédaillée au concours Lépine
Dany est ingénieur. Quelques jours plus tard, il a imaginé et fabriqué un prototype. L’objet, en apparence tout simple, permet de fixer les skis et les bâtons, et de porter le tout à bout de bras. « Le concept y était », se souvient l’inventeur, qui affine sa découverte. « Il y avait notamment un problème à résoudre : le système ne marchait pas avec tous les types de bâtons. » Dany y retourne. Une dizaine d’essais plus tard, il obtient la version définitive du Klipski.
Très vite, leur invention fait sensation. « On n’avait pas l’intention de commercialiser la chose, se souvient Élisabeth Chabot. C’était juste comme ça, pour nous. » Mais les inventeurs ont aussi un ami juriste. Rendez-vous est pris à Nantes, chez une avocate spécialiste de la propriété industrielle.
« Je me souviendrai toujours de cette rencontre, explique Élisabeth. On avait l’impression d’être dans un film d’espionnage. Dans le bureau, les rideaux avaient été baissés et il fallait parler tout bas. L’avocate nous a dit : « On va déposer un brevet, on va protéger votre invention. Mais il va falloir en fabriquer… beaucoup. » »
Les deux familles s’associent. Elles mettent « quelques dizaines de milliers d’euros » dans l’affaire. La fabrication est confiée à Process, une entreprise de Challans et le conditionnement à l’Adapei de La Roche. Le Klipski est né. Il se vend par paires.
Étape suivante : faire connaître l’invention et trouver des distributeurs. En 2009, les quatre mousquetaires s’inscrivent au concours Lépine, à la Foire de Paris. Succès immédiat. « Notre stand était installé dans l’allée principale. Nous, on voulait juste participer au concours. La foire dure quinze jours. Le premier week-end, on avait tout vendu. »
À l’assaut du marché nord-américain
Cerise sur le gâteau : les inventeurs reçoivent la médaille d’or de l’Inpi, l’Institut national de la propriété industrielle, et aussi la médaille du sport. Les jurés estiment que l’invention permet d’éviter traumatismes et blessures liés au transport des skis de façon classique, sur les épaules.
Depuis, les quatre inventeurs s’installent tous les ans à la Foire de Paris, espérant rencontrer les bons interlocuteurs capables de diffuser leur produit. C’est ce qui s’est passé cette année. Christian Boncorps, un Franco-américain, leur a proposé de lancer le Klipski aux États-Unis. « J’y crois », leur a-t-il dit, en créant une société et un site internet pour arroser les stations américaines et canadiennes. Il vient même de participer « avec succès » au Salon de Boston.
Mais si la production est là, si le produit emballe ses utilisateurs et si les ventes vont finir par rembourser l’investissement, les inventeurs hésitent à aller plus loin. Après la piste verte, la bleue puis la rouge, les créateurs du Klipski doivent franchir une dernière étape en s’élançant sur la piste noire… de la création d’entreprise. Forcément, ça impressionne !
Plus d’infos : www.klipski.fr.
Auteur : Thierry DUBILLOT
Source : www.ouest-france.fr