Jérôme s’est remis dans la peau de James Bond. Un James Bond commerçant. Ou inventeur, puisqu’il nous parle aujourd’hui d’une très ancienne pratique : l’espionnage industriel. En gros : quand on n’a pas d’imagination, on vole les inventions des autres…
L’espionnage industriel coûterait environ 30 milliards d’euros par an aux entreprises françaises. À vous je peux bien le dire, la France l’a pratiqué.
Au XVIIe siècle, alors que les miroirs sont hors de prix, seule Venise sait les faire et elle garde jalousement le secret de fabrication. Les verriers de Murano sont punis de mort s’ils parlent. La France réussit pourtant à en faire venir une poignée, très discrètement, via son ambassade à Venise. L’installation d’une poignée de verriers vénitiens en France est à l’origine de la première manufacture française de miroirs, devenue la Société Saint Gobain aujourd’hui. Au XVIIIe, l’Europe se ruine pour acheter la sublime porcelaine qu’on ne fait qu’en Chine. Certaines pièces valent un régiment. C’est un jésuite installé en Chine, François Xavier d’Entrecolles, originaire de Limoges, qui transmet la recette de la porcelaine dans son courrier.
En 1965, alors que France et Grande-Bretagne fabriquent le Concorde dans le plus grand secret, un espion soviétique, nommé Sergueï Pavlov, est arrêté. Il a réussi à se procurer une partie des secrets du train d’atterrissage. Ce qui explique que le Tupolev, l’avion supersonique russe ressemble tellement au Concorde qu’on l’appelle le « concordski ». Ceci dit on peut aussi rater l’espionnage industriel. Plein de défauts, l’appareil russe est mis au rancard au bout de 2 ans, quand le Concorde en tiendra 27.
Méfiance, le vol d’idées est aussi vieux que les idées elles-mêmes et il durera autant qu’elle. L’espionnage industriel a de beaux jours devant lui. On n’arrête pas l’Histoire.
Auteur : Jérôme Prod’Homme – Source : www.francebleu.fr