Conçu par un designer coréen, le masque Triton permettrait de faire de la plongée sans avoir à porter d’encombrantes bouteilles. Après le succès record de sa campagne de financement participatif – près d’un million de dollars en six jours – son entreprise est la cible de critiques qui l’accusent d’être une arnaque.
Selon ses créateurs, le masque Triton permet de nager pendant 45 minutes sans refaire surface.
Pouvoir respirer sous l’eau tel un poisson. C’est ce que promettent les inventeurs de Triton, la première paire de “branchies artificielles”. Ressemblant à un masque de plongée, l’appareil permettrait de rester 45 minutes sous l’eau sans avoir à transporter d’encombrantes bouteilles d’air. Il devrait être livré en décembre 2016 contre 260 euros.
Selon son inventeur, le designer coréen Jeabyun Yeon, Triton est capable d’extraire l’oxygène de l’eau à l’aide d’un compresseur électrique connecté à deux filtres en fibres creuses. Largement utilisées dans la médecine pour les dialyses ou dans la sanitation de l’eau, ces fibres peuvent atteindre des niveaux de filtration nanoscopique.
Dans le cas du Triton, les filtres permettraient de séparer les molécules d’eau des atomes d’oxygène. Ceux-ci seraient ensuite comprimés dans un petit réservoir avant d’être inhalés par le nageur.
Les deux filtres sont constitué d’une fibre capable de séparer les atomes d’air des molécules d’eau.
Mais cette promesse est peut-être trop belle pour être vraie. Lorsque l’entreprise a levé 900 000 dollars en seulement six jours sur Indiegogo à la fin du mois de mars 2016, de nombreux scientifiques se sont inquiétés d’une possible arnaque.
« Ce n’est pas réaliste, c’est de la science fiction digne de James Bond dans Thunderball ou des chevaliers Jedi dans Star Wars : Episode 1 « considère Neal Pollock, chercheur au Centre de médecine hyperbare de l’université de Duke dans une interview à Tech Insider. Avant d’ajouter « C’est très excitant mais je n’encourage personne à sortir son portefeuille ».
Pour Alistair Dove, biologiste marin à l’aquarium d’Atlanta, le Triton devrait « pouvoir filtrer au moins 90 litres d’eau par minute pour pouvoir faire respirer un nageur au repos ». Un challenge a priori impossible pour un appareil doté d’une si petite batterie et d’un si petit compresseur. Les seuls systèmes équivalents connus étant installés sur des sous-marins.
« Si leur batterie est si avancée, pourquoi ne conquièrent-ils pas ce marché là à la place ? Ce serait comme inventer la fusion froide et l’utiliser pour allumer une lampe en forme de clown » s’étonne le naturaliste Andrew David Thaler.
Tout le système serait contenu dans un design très compact, de la taille d’un masque de plongée.
Pour apaiser les critiques, l’équipe de Triton a mené une opération de transparence. Les 900 000 dollars ont été restitués à leurs donateurs et l’équipe a publié une vidéo non-coupée de 12 minutes montrant un nageur équipé d’un de ses appareils barbotant dans une piscine. Plus de détails sur le fonctionnement ont aussi été révélés, notamment l’existence de cartouches consommables d’oxygène liquide.
Une nouvelle qui n’a fait qu’augmenter la perplexité des scientifiques, mais l’entreprise s’est défendue en invoquant la nécessaire défense de sa propriété intellectuelle. Alors, arnaque ou invention géniale ? Ce qui est sûr, c’est que le projet fait toujours rêver. En seulement deux jours, Triton a levé 220 000 dollars sur sa nouvelle campagne de financement participatif.
Auteur : Jean-Jacques Valette
Source : www.wedemain.fr