La médiathèque dispose de deux appareils permettant de lire les livres lus du Pack Daisy.
Louis Braille est décédé un 6 janvier 1852. Cette date anniversaire offre l’occasion de s’intéresser aux dispositifs mis en place pour les handicapés visuels à Bourges.
« Il faut imaginer qu’une personne qui perd la vue, c’est terrible. Tout se ferme, tout s’arrête. Il faut continuer à innover et à trouver de nouvelles idées pour leur redonner envie de vivre certaines choses. » Jean-Pierre Moreau, vice-président du comité Cher de l’Association Valentin Haüy (AVH) aide les personnes atteintes d’un handicap visuel.
Celui qui aime se qualifier de miro raconte comment vivre avec un tel visuel à Bourges, à l’occasion de la Journée mondiale du braille qui avait lieu le 4 janvier et de l’anniversaire de la disparition de son inventeur, Louis Braille, décédé le 6 janvier 1852.
Par nature, Bourges est difficile d’accès, par son histoire et sa situation géographique
Michèle Hatoig (Association Valentin Haüy)
Ayant perdu la vue progressivement jusqu’à devenir malvoyant, Jean-Pierre Moreau sait de quoi il parle. « Au début, c’était compliqué. Je n’allais plus au théâtre, plus au cinéma. » Et alors que sa vue diminuait, ses capacités de lecture s’effaçaient.
Aujourd’hui, plusieurs équipements existent à Bourges afin de faciliter et adoucir le quotidien des aveugles et malvoyants. « Par nature, Bourges est difficile d’accès, par son histoire et sa situation géographique », explique Michèle Hatoig, présidente du comité départemental AVH. Feux parlants, passages cloutés… : en ville, « il y a même une synthèse vocale disposée à la mairie, affirme Michèle Hatoig. Avec une télécommande spécifique, les malvoyants peuvent mettre en marche une bande sonore qui indique l’entrée du bâtiment. »
Pour quelqu’un qui ne voit pas, le toucher est très important. Les indications sonores sont aussi essentielles pour les malvoyants.
En partenariat avec le réseau Agglobus, l’AVH a mis à disposition des détenteurs de carte d’invalidité un Liberty bus, qui vient chercher les passagers à leur domicile et les dépose à l’endroit désiré. « Le chauffeur les aide aussi à monter et descendre du bus, c’est un véritable accompagnement », souligne Jean-Pierre Moreau.
Maquette tactile de la cathédrale
La cathédrale Saint-Étienne dispose d’une maquette tactile qui permet de se représenter sa surface et d’imaginer son volume. « Pour quelqu’un qui ne voit pas, le toucher est très important », précise Jean-Pierre Moreau. Pourtant, le braille, lecture par le toucher, n’est que minoritairement pratiqué par les membres de l’AVH. « Les indications sonores sont aussi essentielles pour les malvoyants. »
Le cinéma de la Maison de la Culture de Bourges (MCB) met à disposition des spectateurs une application, Twavox, qui leur permet, équipés d’un casque, de bénéficier de l’audiodescription du film diffusé. La MCB permet également aux membres de l’AVH de vivre des pièces de théâtre en audiodescription. « On a une voix off calée sur les blancs de la pièce qui nous décrit les actions », explique Jean-Pierre Moreau.
L’association travaille également en partenariat avec la médiathèque de Bourges, pour que la ville s’équipe de certains matériels. « On s’est engagés à travailler trois axes : l’accès aux locaux, l’accès aux collections et l’accès aux animations », assure Colette Puynège, directrice des bibliothèques de Bourges.
Accès à la culture
Trois cents films en audiodescription, près de 4.000 livres et deux revues en gros caractères, 54 livres en braille et, surtout, le Pack Daisy : des livres lus sous forme de CD, audibles grâce à un lecteur qui permet d’adapter le débit, le volume et la vitesse de lecture du conteur.
« C’est grâce à tous ces outils et méthodes que les personnes souffrant d’un handicap visuel peuvent toujours avoir accès à la culture. Il suffit de leur en donner l’envie », conclut Jean-Pierre Moreau.
Les repères visuels, essentiels pour éviter pièges et dangers
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les repères visuels jouent un rôle important pour aider les malvoyants dans leur quotidien.
Interrupteurs colorés, portes peintes de couleurs vives, encadrements foncés… Dans les locaux de l’association Valentin Haüy de Bourges, qui aide les personnes atteintes d’un handicap visuel, les détachements visuels sont les bienvenus. « Il est très important pour les malvoyants comme moi d’effectuer des contrastes dans les intérieurs pour que l’on puisse se repérer », explique Jean-Pierre Moreau, vice-président du comité Cher de l’association.
Outre les touches de couleurs dispersées aux endroits stratégiques d’une pièce, les bandes blanches dessinées au sol servent de guide aux malvoyants. « On utilise aussi ces démarcations pour les escaliers, souligne Jean-Pierre Moreau. Ces petites choses toutes simples permettent d’atténuer la peur de chuter des malvoyants. »
La signalétique aide les malvoyants à se repérer dans l’espace.
Les vitres sont d’autres obstacles auxquels ces déficients visuels doivent faire face. « Sans une bande adhésive repérable collée dessus, les fenêtres seraient de véritables pièges pour moi », confie Jean-Pierre Moreau.
Autre fardeau pour les aveugles et malvoyants : les incivilités. « Déjà que la rue est un parcours du combattant pour les handicapés visuels, si on doit ajouter à cela les déchets abandonnés au coin des rues et les voitures garées sur les trottoirs, on ne s’en sort plus », déplore Michèle Hatoig, présidente de l’association.
Selon Jean-Pierre Moreau, « le tout est une question de connaissance. Si on veut que les gens soient autonomes, il faut que les autres prennent conscience de leur handicap ».
Auteur : Mélinda Pawlak – Source : www.leberry.fr