Encore une exposition consacrée au génial Léonard de Vinci qui s’ouvre à la Pinacothèque de Paris ? Oui mais le 29 octobre le musée a choisi de s’intéresser à sa facette d’inventeur prolifique, à ce visionnaire aux mille projets… dont certains n’ont jamais vu le jour.
Après avoir étudié les Beaux-Arts, Léonard de Vinci a reçu une formation à l’atelier polytechnique de Verrochio où il apprît les mathématiques et l’architecture. Adepte de l’empirisme, le maître de la Renaissance estimait que « les choses de l’esprit qui ne sont pas passées par les sens sont vaines ». Le parcours de l’exposition met l’accent sur les secrets contenus dans les codex, ces recueils encyclopédiques dans lesquels le célèbre Florentin a consigné des milliers de schémas et de messages cryptés (dont certains, écrits de gauche à droite, ne peuvent être déchiffrés qu’à l’aide d’un miroir). Au détour des pages, on découvre des machines qui préfigurent l’hélicoptère, le sous-marin, la bicyclette, le bateau à aubes ou l’automobile. Si ces inventions sont passées à la postérité, d’autres, étonnantes et fantaisistes, en sont restées au stade de rêves de papier.
- La plus ingénieuse : les écuries automatisées (1498)
Léonard de Vinci avait imaginé des écuries automatisées qui pouvaient se passer de palefreniers.
A la demande du duc Ludovic Sforza qui souhaitait remédier à la crasse et à l’exiguïté des ses écuries, Léonard de Vinci plancha sur un projet de rénovation. Ce travail de titan évoque l’un des douze travaux d’Hercule: les écuries d’Augias. L’ingénieur florentin décida de créer un bâtiment formant trois arches dans lesquelles venaient s’encastrer les boxes des animaux. L’idée de l’architecte était d’automatiser l’ensemble de la structure afin qu’elle soit autogérée. Grâce à un système de poulies, le fourrage stocké au grenier se déverserait dans les mangeoires. Les abreuvoirs seraient quant à eux irrigués au moyen de pompes à eau drainant une rivière voisine. Enfin, le purin serait évacué par des plans inclinés conduisant à des canalisations.
- La plus loufoque : les chaussures flottantes
Au même titre que voler dans les airs, marcher sur l’eau était un rêve poursuivi par le génie de la Renaissance.
Les mouvements de l’eau exerçaient une véritable fascination chez Léonard de Vinci. On retrouve dans ses notes, de nombreuses considérations sur le mouvement des ondes: « Observe le mouvement de l’eau à sa surface, comme il ressemble à celui d’une chevelure dont un mouvement du poids du cheveu et l’autre l’orientation des boucles ; ainsi, l’eau forme des tourbillons dus, en partie, à l’impulsion du courant principal et en partie aux mouvements incidents du retour » Il avait longuement étudié les travaux du savant grec Archimède avant de se lancer dans ce projet fantasque de chaussures flottantes. A l’image de Jésus marchant sur les eaux, chaque mortel pourrait dorénavant évoluer sur les flots à l’aide de plate-formes étanches placées sous les pieds et de bâtons pour maintenir l’équilibre. En-dehors de cette simple esquisse, rien ne permet de dire que son auteur ait testé le projet.
- La plus écologique : le palais sur l’eau (1506)
Léonard de Vinci entendait mettre à profit l’énergie hydraulique pour actionner divers mécanismes à l’intérieur du palais.
Le gouverneur de Milan, Charles II d’Amboise, désirait habiter dans un palais digne des plus beaux châteaux de conte de fées. Pour la conception de sa demeure, il fit appel à Léonard de Vinci, alors peintre à Milan. Ce dernier imagine un palace d’une superficie de 400 m² s’élevant au-dessus des eaux. Sur les plans, la bâtisse est composée de loggias et de portiques symétriques. Elle baigne dans un cours d’eau, la Fontelunga, « où l’on mettra du vin à rafraîchir », écrit l’architecte. Mais la véritable innovation de cet ensemble est le moulin à eau qui remplira diverse fonctions : ventilateur, horloge et boîte à musique. Léonard de Vinci imagine une mécanique complexe où les engrenages sont en mesure d’engrenger différentes dynamiques : des pales dont le mouvement « produit de l’air à toute saison », une clé permettant de faire jouer divers instruments de musiques et une mécanique d’horlogerie. Sans doute trop coûteux, le projet resta lettre morte.
- La plus mégalomane : une nouvelle capitale pour le royaume de France (1516)
Léonard de Vinci souhaitait faire de la ville de Romorantin une cité idéale.
Impressionné par les prouesses de l’artiste italien, François Ier décide de s’attacher ses services en France. Il offre à Léonard de Vinci 1000 écus d’or par an et l’installe dans le château de Clos Lucé, près d’Amboise. C’est dans ce lieu que l’inventeur passera les trois dernières années de sa vie et qu’il concevra un projet d’une envergure sans précédent. François Ier veut faire de Romorantin, la ville de résidence de sa mère Louise de Savoie, la capitale du royaume de France. A l’image de Platon dans la République, de Vinci tente de définir les composantes de sa cité idéale. Sa ville comptera deux étages. Sur le niveau supérieur s’aligneront les riches villas le longs de larges rues pavées reservées à la promenade des gentilhommes. Le niveau inférieur sera reservé à la circulation des bêtes transportant des marchandises et au peuple. L’architecte veut même installer des maisons à colombages démontables et transportables sur des péniches pour accueillir les membres de la Cour en déplacement. Mais cette utopie fait long feu. En 1519, la mort de Léonard de Vinci vient couper court au chantier entrepris.
Auteur : Maïté Hellio
Source : culturebox.francetvinfo.fr