Le scientifique a mis au point un prototype près de neuf ans après avoir eu cette brillante idée…
Le scientifique mexicain Gabriel Luna-Sandoval dans son laboratoire en mai 2013
Il fallait y penser. Gabriel Luna-Sandoval a créé une technologie permettant d’utiliser de l’urine pour chauffer de l’eau, cuisiner et même faciliter les voyages dans l’espace.
A l’aide d’une électrolyse effectuée sur son urine, et neuf ans après avoir eu cette idée de génie, ce scientifique mexicain de 41 ans est parvenu à séparer les molécules d’hydrogène et d’oxygène contenues dans le liquide, et à utiliser l’hydrogène pour produire du biogaz.
« Une grande innovation »
L’oxygène produit pourrait quant à lui servir à respirer en cas d’urgence, notamment pour les astronautes lors des longs voyages spatiaux. Ils pourraient emporter avec eux un petit réservoir d’où ils pourraient extraire l’oxygène de leur urine, estime l’inventeur.
Consultée par l’AFP, l’Agence spatiale mexicaine a affirmé que cette découverte était « une grande innovation », « de haute viabilité ».
Mais pour le scientifique de l’Université de Sonora (nord), le principal intérêt de ce travail est de pouvoir utiliser une substance alternative au gaz de pétrole liquéfié (GPL), qui contribue au réchauffement climatique et pollue l’intérieur même des habitations.
Un « liquide vital »
A force de travail, le scientifique a réussi à créer un prototype : une petite cuve en acrylique de 20 centimètres carrés équipée d’électrodes métalliques, où est stockée et transformée l’urine produite quotidiennement.
Pour chauffer l’eau de la salle de bains et prendre une douche de 15 minutes, il faut seulement 13 à 21 millilitres « de ce liquide vital », précise Gabriel Luna-Sandoval. Et pour faire cuire des haricots dans une cocotte-minute pendant une heure, 70 à 130 millilitres sont nécessaires.
Le biogaz n’a pas d’odeur. « Ni les haricots, ni l’eau de la douche » ne rappelleront à leur utilisateur l’origine du combustible, assure le scientifique en souriant.
Pour réduire les odeurs de la cuve générées par la concentration d’ammoniaque au fil des jours, « nous passons l’urine par un filtre spécial ». Ce filtre pourrait être branché à un tuyau d’arrosage pour être constamment nettoyé, précise-t-il.
« Une viabilité technique »
L’hydrogène produit dans le réservoir peut aussi être utilisé pour faire fonctionner des moteurs à combustion interne. « Nous avons même fait des tests pour mettre en route des petits générateurs d’électricité », explique le chercheur.
Pour recueillir l’urine directement dans les toilettes sans avoir à la transvaser manuellement, le scientifique propose d’installer des urinoirs qui seraient reliés au réservoir de transformation par un système de tuyauterie.
Sa technologie a été brevetée il y a un mois, et selon Ulises Cano, membre du Système national des chercheurs du Mexique, et expert en électrochimie, l’invention « n’est pas insensée » et possède « une viabilité technique ». Reste maintenant à déterminer « si elle possède une viabilité économique », indique-t-il.
Auteur : Clémence Apetogbor
Source : www.20minutes.fr